Cancer du pancréas - Cancer du colonLa diagonale du Fou est un texte que j’ai écris au mois de Mai 2023, suite à une énième hospitalisation due cette fois-ci à une occlusion intestinale provoquée par une tumeur cancéreuse située dans le colon.

 

Depuis la nouvelle, dans l’espace d’un ailleurs,

je marche sur la diagonale du fou.

Je suis de guingois,

il y a longtemps que je n’ai pas eu la gueule de bois.

Je ne compte plus le temps.

Je marche sur la diagonale du fou,

les bras ballants le long du corps

ou flottant dans l’air crépusculaire,

mouvements saccadés.

Je marche sur la diagonale du fou,

le regard à l’envers centré sur le mal

qui ronge mes entrailles.

Larmes inutiles qui coulent.

Je marche sur la diagonale du fou,

je m’accroche à l’étincelle, je survis,

peux plus manger, boire ou courir

plus de petits plaisirs !

Je marche sur la diagonale du fou

Espérant rejoindre la vie.

A chaque thérapie, celle-ci s’enfuit

puis revient encore et encore.

Je marche sur la diagonale du fou

encore combien de temps ?

Quel carnaval ! J’ai hurlé mes douleurs

à l’heure des noctambules,

à l’ombre du paravent qui me cache

aux bien-portants.

Je marche sur la diagonale du fou

pour ne pas sombrer entre chiens et loups.

Courage, me dit-on !

Viens, venez à ma place écouter le tambour du courage

Qui bat chaque jour.

Je marche sur la diagonale du fou.

T’as vu mon courage partir et revenir

toujours encore et encore comme le vent du printemps

qui va et vient autour de ma chevelure clairsemée.

A longueur du temps qui s’effiloche,

je continue de marcher sur la diagonale du fou

m’accrochant à mes mots qui coulent comme une rivière sans retour.

Marche sur la diagonale du fou, épaules droites,

tête haute, les yeux plantés aux étoiles

encore combien de temps ?

Combien de temps vais-je encore marcher sur la diagonale du fou ?

Si je dois casser ma pipe

alors que cela se fasse vite !

Autant partir debout toujours marchant sur la diagonale du fou.

Aucune messe, aucun tombeau.

Cendre éparpillée aux 4 vents tourbillonnants de l’automne

à l’ombre de la diagonale du fou.

Que dalle, tout ! chante le bel homme insaisissable,

a-t-il tort ou raison ?

Tu veux ma haine ou tu veux mon amour demande-t-il !

Souvenir de la matière, mémoire et souvenir brut de la fragilité,

l’effervescence de l’attention aux autres,

l’obsolescence de la décadence.

Danse sur la diagonale du fou !

MAI 2023